Le monde sensible de Reyboz
« La vie existe, je l’ai vue, j’y étais !». Tout l’univers de Reyboz est dans ces aphorismes. Emporté par la maladie, parti de l’autre côté de l’Univers, son esprit, son humour (il a été dessinateur au magazine Fluide glacial), son talent, heureusement pour nous, l’ont rendu immortel.
Ludique, facétieux mais aussi exigeant, rigoureux et précis, toutes les sculptures, objets, peintures, installations de Reyboz nous parle de galaxies, magmas, monolithes, champs de percussion, chrysalides, tripodes, mouvants, de pierres qui roulent ou plutôt de galets, ces fameux galets qui ont fait sa gloire, à jurer même que c’est la nature qui a copié Reyboz. Mais l’art n’est-il pas la réalité perçue par la conscience de l’artiste ? Itinérances et foisonnance, combien d’œuvres au compteur ? Certaines testamentaires, depuis sa disparition, attendent preneurs dans son spacieux atelier d’Antibes comme des offrandes. Offrandes, blanches comme des hosties, noires comme le cosmos, harmonie de traits optiques, ambiance minérale, rien d’agressif que des courbes, élans, cinétique et du blanc viscéralement mêlé au noir. Du minéral au monde animal, il n’y a qu’un pas que Bernard Reyboz a franchi mentalement. Le madrépore de la taille d’une citrouille de son enfance est resté ancré dans sa mémoire pour resurgir comme une ultime évidence. D’où, sa vision personnelle du ruban de Moebius, d’oursin végétal palpitant, d’une créature hiératique à trois pattes, gages d’authenticité que le monde de Reyboz a bien et continuera d’exister.
Salut l’artiste, parti dans les ténèbres en nous laissant ta lumière.
Geneviève Roussel
A voir jusqu’au 10 juin Château de Carros. Entre libre, de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30. www.ciac.carros.fr
A noter samedi 14 avril à 15h, rencontre, visite accompagnée et débat autour de l’exposition.