BnF : SOUS LES LIVRES …LES ICÔNES DE MAI 68

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Au moment où l’on célèbre le cinquantenaire de mai 68, les commémorations (rétrospectives, documentaires, expos, livres…), se multiplient.

La Bnf (Bibliothèque nationale de France) ne pouvait manquer d’être présente pour cette célébration. Actuellement et jusqu’au 26 août, la BnF-François Mitterrand (Paris 13é), propose une exposition originale consacrée aux représentations des événements vues par le photojournalisme :« Icônes de MAI 68 : les images ont une histoire » .

Qui d’autre que la BnF avec ses collections uniques d’originaux et d’imprimés illustrés pouvait proposer une analyse de ce mouvement social protestataire du XXe siècle ?

Des clichés les plus célèbres aux images les plus insolites, l’exposition, à travers près de 200 pièces, retrace et explique l’histoire médiatique de ce mouvement de contestation politique, sociale et culturelle.

Les commissaires de l’exposition, Dominique Versavel, conservatrice au département des Estampes et de la Photographie et Audrey Leblanc, chercheuse, auteur d’une thèse sur  « L’image de mai 68:du journalisme à l’histoire » nous invitent, grâce à une iconographie abondante, à une nouvelle lecture des événements. Ainsi, le parcours proposé, permet de découvrir qu’en marge de la presse magazine, des initiatives d’expositions et de projections photographiques ont vu le jour face à une vision médiatique dominante des faits ; ou encore de saisir pourquoi la première « nuit des barricades » – qui fit «monter à la une» des magazines les affrontements de mai 1968 – n’a paradoxalement laissé aucune image persistante, aucune icône…

Les photos qui symbolisent aujourd’hui Mai 68 ont rarement été publiées au moment des événements. Elles se sont plutôt inscrites dans la durée en étant publiées ultérieurement, le plus souvent à l’occasion d’anniversaires des 10 ans, 20 ans … « La fabrique des icônes, s’est élaborée progressivement au fil de ces rappels historiques, à travers les narrations du monde journalistique, culturel ou historique. », commente Audrey Leblanc.

photo Gilles Caron

Quelques exemples caractéristiques: la photo de Daniel Cohn-Bendit souriant face à un CRS, par Gilles Caron n’a pas immédiatement été exploitée et mise en exergue par les grands titres de la presse magazine. Reprise dans le milieu photojournalistique à partir de 1970, elle a circulé plus largement à partir de 1978 puis à l’occasion des anniversaires décennaux de Mai 68 et de l’agence Gamma (fondée en 1967). Ce sont ces publications successives dans la presse et autres supports culturels (livres, catalogues,…) qui ont contribué à sa singularisation. Pour éclairer la trajectoire de cette photographie devenue icône,l’exposition en présente des tirages originaux mais aussi de nombreuses formes éditées jusqu’en 2008, tout en retraçant la légende photojournalistique de son succès dans les médias.

Autre exemple, la «Marianne de 68» de Jean-Pierre Rey a vu son traitement évolué vers un statut d’icône. Publiée en petit format en 1968, elle a ensuite été diffusée à plusieurs reprises jusqu’en 2008. Au fur et à mesure de ses publications, le cadrage se resserre, faisant perdre à la photographie son ancrage historique, et les commentaires se recentrent sur l’image elle-même faisant d’elle un symbole de Mai 68.

Par ailleurs, le cliché de la première « nuit des barricades » – qui fit « monter à la une » des magazines les affrontements de mai 1968 – n’a paradoxalement laissé aucune image persistante, mais nous donne des clés pour appréhender le rôle majeur des acteurs médiatiques et éditoriaux dans l’élaboration des représentations des faits.

LIVRE-CATALOGUE DE L’EXPOSITION

Les deux commissaires de l’exposition sont par ailleurs les auteurs d’un remarquable catalogue illustré de l’exposition, enrichi par les contributions de plusieurs spécialistes (Editions BnF) et préfacé par  la Présidente de la BnF Laurence Engel.

Présentant des photographies de Mai 68, notamment celles de Gilles Caron et de Jean-Pierre Rey, cet ouvrage montre comment leur utilisation par la presse, puis les commémorations successives ont fixé dans la mémoire collective une représentation des événements divergente des faits.
Avec les contributions de Ludivine Bantigny, André Gunthert, Guillaume Blanc et Jean-Claude Lemagny.

Le Réveil de la France par JJSS

En juin 68, après avoir publié quelques numéros spéciaux malgré la grève générale, le bouillonnant directeur de l’EXPRESS, Jean-Jacques Servan-Schreiber analysait dans « Le Réveil de la France » les événements récents, relevant avec Mendès-France « la contestation ne porte pas seulement sur les hommes ou les institutions. Elle exprime la volonté de millions de Français de ne plus être considérés comme des sujets dans une société dure, inhumaine et conservatrice, mais de jouer pleinement leur rôle dans une société qui soit la leur »

 

Une Démarche originale : « Dans les pas de Mai 68 »Cultival,créateur de visites culturelles d’exception, à Paris notamment (Musée Yves Saint Laurent, La Seine musicale de l’Ile Seguin, Cité du Cinéma, Philharmonie de Paris…) a eu l’idée originale d’organiser un parcours commenté sur les lieux mêmes de la révolte estudiantine de Mai 68 .La jeune conférencière et historienne Cindy Dubois, propose par petits groupes, de suivre les traces des nombreuses manifestations de mai et juin 1968, autour du quartier Latin de la Sorbonne à l’Odéon, en terminant par l’Ecole des Beaux-Arts, haut- lieu créatif où furent produites la majorité des affiches liées aux événements.

 

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