Le Centre des monuments nationaux poursuit sa politique d’innovation numérique et d’accessibilité, en expérimentant, en partenariat avec Awabot Beam, un dispositif robotique de télé-présence à destination des publics éloignés ou empêchés, à la fabuleuse villa Kérylos à Beaulieu-Sur-Mer (06) Alpes-Maritimes.
Édifié en 1908 par Théodore Reinach, mécène et archéologue allemand, elle reconstitue une demeure de l’antiquité grecque, construite sur un promontoire rocheux surplombant la Méditerranée,
sur la route du bord de mer, un modèle des maisons nobles de l’île de Délos, au IIe siècle avant Jésus Christ. Oeuvre d’art originale de l’architecte Emmanuel Pontremoli.
« Bonjour Renaud, bienvenue à Beaulieu-sur-Mer à la villa Kérylos. » Vassiliki Castellana salue le visiteur dont le visage s’affiche sur l’écran du robot «Beam».
Il s’est connecté au musée depuis son ordinateur à Lyon.
La première image qu’il aperçoit c’est l’imposant Solon. Sur son piédestal, la statue du législateur et poète grec toise les visiteurs.
D’un clic de souris, Renaud fait avancer la machine : une tablette sur pied, grâce à une interface simplifiée, puisqu’il peut voir, entendre, et être vu. Il découvre à distance ce monument.
« Ici, tous les Dieux du Panthéon sont représentés. » La guide fait le tour du péristyle, vaste cour intérieure entourée de 12 colonnes en marbre de Carrare, albâtre, bois exotiques et citronnier, suivie par le robot à roulettes.
Elle s’arrête devant Pelops sur son char. « C’est le fondateur des Jeux Olympiques, » explique-t-elle. Avant d’inviter son visiteur à se diriger vers la bibliothèque. Elle attire notre attention sur le travail des mosaïques.
Grâce à une caméra située sous la tablette, Renaud peut «regarder» la déesse Héra et Prométhée. « Quels objets lui tend-elle? » interroge-t-il. La guide lui répond avant de le conduire vers la salle à manger.
Pour apprécier les fresques situées sous le plafond à caisson, le Lyonnais double-clique. Il zoome ainsi sur les détails: des personnages mi-homme mi animal.
Dans le salon, la guide se livre à un petit jeu, en demandant à Renaud de trouver la sortie du labyrinthe où Thésée se bat avec le Minotaure.
Conçu par la société Awabot, le robot (20kg pour 1,30 mètre de haut) propose une « immersion » sans temps de latence.
« C’est un système de visioconférence mobile, mais les algorithmes ont été optimisés pour qu’on garde toujours une bonne qualité de son et d’image », note Jérémie Koessler, Directeur général d’Awabot.
Le robot se pilote soit en utilisant les flèches du clavier, « comme un jeu vidéo », soit avec la souris. « Nous avons branché une clé 4 G car la Wi-Fi ne marchait pas bien dans toutes les pièces », poursuit-il.
« C’est une occasion unique de faire visiter la Villa Kérylos à des publics qui ne peuvent pas se déplacer. Soit parce qu’il s’agit d’enfants hospitalisés, soit en raison d’un éloignement géographique, » dit Bernard Le Magoarou, administrateur du monument.
Les jeunes patients de l’Institut d’Hématologie et d’Oncologie pédiatrique de Lyon seront les premiers à bénéficier de ces visites à distance.
Parmi les autres publics visés: des personnes âgées en maisons de retraite mais aussi les élèves. « On peut imaginer qu’une école du département, dans la haute vallée de la Tinée par exemple réservera un rendez-vous. » La visite virtuelle pourra aussi séduire une école française de Kuala Lumpur ou de Tokyo.
Il suffira de s’inscrire, à partir du mois de février, sur le site du musée, et de télécharger l’application.
Pendant six mois, le robot dont le prix s’élève à 3.000 euros est mis gracieusement à la disposition de la Villa Kérylos.
Si vous préférez une visite in situ, en chair et en os, vous croiserez peut-être le chemin du robot piloté à des milliers de kilomètres de Beaulieu-sur-Mer, par des amateurs de la Grèce antique.