Les têtes et corps scarifiées king size de Baselitz
Le sculpteur allemand Georg Baselitz, né en 1938, coule des jours heureux en Bavière et sur la Riviera italienne. Tel un bûcheron qui taillerait le cèdre comme un diamant, le graveur Baselitz a le même talent, le côté brut de son prédécesseur espagnol Chilidda qui lui aussi, taillait merveilleusement dans la masse. Baselitz y ajoute du ludique…
Baselitz se sert de la tronçonneuse comme d’une plume d’acier acérée, chemin le plus court pour traiter de questions plastiques fondamentales. Ses sculptures, portraits expressifs plus grands que nature semblent surgir, les pieds encore ancrés dans leur forêt d’origine. Ils défient ceux de l’art dogon ou océanien dont il est grand collectionneur. Statues profanes, emblèmes de carnaval aux couleurs baveuses, les Têtes et Figures debout scarifiées en imposent comme les portraits de son compatriote expressionniste allemand Beckmann. Mais aussi, Baselitz habille, tapisse aussi ses sculptures d’étoffes collées à la manière des mannequins funéraires Bembe du Congo. Mais, l’ironie chez Baselitz n’est jamais loin, surtout lorsqu’il affuble ses corps géants de shorts, maillots de bain, coiffés de casquettes et chaussés d’escarpins pointus avec des couleurs layette. Ce qui ne l’empêche pas de s’interroger sur des questions métaphysiques, Vanité, viatique en témoignent de manière inattendue. Et, le temps interpelle aussi l’artiste qui affuble encore ses récents Portraits monumentaux (2003-2004) d’une montre qui toujours indique au cadran minuit moins cinq ! L’Eros des personnages de Baselitz n’exclut pas le pathos.
Geneviève Roussel
A voir jusqu’au 29 janvier 2012, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h.
11, Avenue Président Wilson 75016 Paris. 01 53 67 40 00. Métro Alma Marceau ou Iéna