AccueilArt & Culture« PRISONNIERS EN TERRE D'EXIL » ILE SAINTE MARGUERITE CANNES

« PRISONNIERS EN TERRE D’EXIL » ILE SAINTE MARGUERITE CANNES

Dans la célèbre baie de Cannes, s’étend les îles de Lérins au passé prestigieux. L’île Sainte Marguerite, et l’île Saint Honorat. Les pins, les eucalyptus, les oliviers, les mimosas, toute une végétation embaumée en font un paradis pour les cigales, les touristes, et naturellement pour les ermites.

Quand on débarque pour une journée à l’île Sainte Marguerite, on a en tête les récits romanesques du fameux et mystérieux Masque de fer. Mais bien que les faits n’ont jamais été ignorés, on n’évoque pas la fonction carcérale du fort, bien au-delà de ces anciens temps de la royauté !

Les épisodes sont plus sombres et l’actuel exposition « Prisonniers en terre d’exil  » apporte un éclairage historique de l’épisode assez occulté, de la détention des prisonniers maghrébins dans le cadre de la conquête coloniale !

David Lisnard, Maire de Cannes, a dévoilé la nouvelle exposition du musée du Masque de fer et du Fort Royal  » à l’île Sainte-Marguerite ce 8 juillet 2023, au temps de la conquête de l’Algérie, 1841-1884 » à quelques encablures de la ville.

L’histoire de milliers de « déportés » algériens au large de Cannes se dévoile comme un « devoir de mémoire ». Dans les années 1970, des travaux forestiers menés par des harkis au large de Cannes (06) Alpes-Maritimes, avaient permis de mettre au jour un des plus anciens cimetières musulmans de l’Hexagone, fait toute la lumière sur ces faits.

«C’est la redécouverte d’une Histoire qui avait été perdue pendant deux générations», explique Christophe Roustan Delatour, commissaire de l’exposition.

Étayée par un contenu scientifique rigoureusement documenté, l’exposition a été conçue avec un soin particulier sur la qualité du propos, de l’iconographie, des objets et des documents exposés. Leur pertinence a été validée par un comité scientifique formé de trois spécialistes (Thierry Fabre, Sylvie Thénault et Anissa Bouayed).

« C’est un projet que nous avons initié il y a cinq ans et que nous avons tenu secret jusqu’à présent pour des raisons évidentes de sensibilité mémorielle », a souligné lors du vernissage David Lisnard, le maire de Cannes, qui projette après cette exposition hommage, de mettre en valeur le cimetière musulman de l’île, une fois l’accord des services de l’État obtenu. « Nous avons en parallèle obtenu un accord de principe des autorités algériennes pour réhabiliter en Algérie un cimetière chrétien », a aussi indiqué l’élu pour qui «dire les choses» reste «la meilleure façon de les apaiser» dans le contexte actuel de tensions entre la France et l’Algérie.

« Nous souhaitons faire découvrir, sans jugement anachronique et avec ouverture, le destin de ces populations emprisonnés à Cannes. Consciente de l’intérêt majeur du site, la municipalité et l’artiste algérien Rachid Koraïchi, souhaitent rendre la dignité au site et le respect dû aux défunts par l’installation d’une plaque commémorative avec leurs noms « . David Lisnard, Maire de Cannes.

La sélection des œuvres et des documents présentés au public permettra d’évoquer divers aspects de la vie quotidienne des prisonniers.

Certains sont nés dans le fort, 274 n’ont jamais quittés l’île.

Ce n’est en effet que récemment, dans les années 1970, que des ouvriers harkis de l’Office national des forêts (ONF) chargés d’une opération de débroussaillage avaient reconnu, sous la végétation, des tombes musulmanes, toutes en forme de cercle délimitées par des pierres à même le sol.

Succédant à des prisonniers politiques français comme le célèbre homme au masque de fer ou encore des pasteurs protestants, les Algériens détenus entre 1841 et 1884 constituaient souvent des monnaies d’échange, pris en otage pour obliger les opposants à la colonisation française à se rendre. Ce fut ainsi le cas de la «smala» d’Abd-el-Kader, l’émir qui avait fédéré dans les années 1840 tous les opposants à la colonisation. Près de 500 de ses proches ont été internés à Cannes jusqu’à sa reddition en 1848.

Au milieu des sépultures, une stèle saluait la mémoire de « nos frères morts pour la France ». Erreur historique. Elle a été retirée l’an dernier. Les 274 corps enterrés là appartenaient en fait aux milliers de Nord-Africains arrachés à leur terre natale et détenus sur place par l’État français.

« Le cimetière sera un espace de recueillement par une intervention artistique qui lui redonnera son caractère sacré « .

Du 8 juillet au 29 octobre 2023
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